Du mensonge au mépris il n'y a qu'un pas

Lors du Conseil municipal du 7 février 2024, il nous a été annoncé que la ville allait procéder au changement de la chaudière de l’Église du centre-ville. Cette nouvelle chaudière serait destinée aussi à chauffer les locaux annexes de la paroisse. Quelle sera son coût ? Nous le saurons peut-être lors d’un prochain conseil municipal. Néanmoins, la solution a été votée sans qu’on en connaisse le prix. Elle a été votée par 29 membres du conseil municipal, 4 abstentions et 1 voix contre la mienne. Tous les membres de la paroisse présents au conseil municipal ont participé au vote. Il est à noter que lors du vote des subventions aux associations tous les membres de ces dernières ont l’obligation de quitter la salle afin de ne pas participer au vote. Va comprendre Charles !

Évidemment, ces travaux seront payés avec l’argent de tous les citoyens, croyants ou pas. 

L’Église est un bâtiment de grande hauteur sous plafond avec un usage intermittent. De fait, je pose la question lors de ce Conseil, quelle étude a permis de faire le choix proposé, incluant les coûts d’investissement et les coûts de fonctionnement comme la loi nous y autorise. La « loi Notre » a imposé aux collectivités territoriales l’évaluation des dépenses de fonctionnement générées par leurs opérations exceptionnelles d’investissement. Promulguée le 7 août 2015, la loi portant sur la Nouvelle Organisation Territoriale de la République (NOTRe) confie de nouvelles compétences aux régions et redéfinit les compétences attribuées à chaque collectivité territoriale. Malgré cette loi la réponse a été… « nous avons réalisé une étude, nous sommes compétents » (ndlr : pas vous bien sûr) circulez il n’y a rien à voir.
Peut-on avoir cette étude ? Pas de réponse. J’ai à nouveau fait une demande écrite le 9 février 2024, ainsi qu’une relance le 21 mars 2024 à Monsieur Kerveillant qui était le rapporteur de la délibération avec copie à l’ensemble des membres du Conseil municipal. A ce jour 14 avril, aucune réponse à mes demandes. Mépris total pour mes écrits, il en est de même concernant l’information à l’égard de tous les citoyens.

En cherchant un peu, j’ai pu découvrir que l’étude sur le chauffage de l’Église aurait été traitée par un membre de la paroisse. Ceci ne me paraît pas très catholique.  
Surtout que soucieux d’éviter des conflits d’intérêts, le maire avait fait parvenir par l’administration communale le message suivant à tous les élus : 

Nous vous rappelons que les élus membres (ou dont les proches sont membres) des organes de direction des associations concernées par ces subventions ne doivent pas prendre part aux discussions et aux votes de ces points. Sont également concernés par cette interdiction, les simples adhérents à ces associations qui, sans appartenir à l’organe de direction, sont impliqués en pratique dans la gestion de l’association. 

Le retard de la transmission de l’étude, pourrait être dû au temps passé par la majorité à vouloir briller sur les réseaux sociaux jour après jour. Ce qui est certains c’est qu’après tant d’énergie dépensée dans la communication, il ne reste pas beaucoup de temps pour traiter les questions essentielles. Mais hélas cela ne semble pas être la bonne raison.

Revenons à la solution technique choisie, pour la majorité il s’agit en fait de maintenir un réseau d’eau chaude avec une chaudière gaz.
Il est utile de préciser que le maintien d’un réseau d’eau chaude est à ce jour possible et recommandé avec une pompe à chaleur électrique sachant qu’en France l’électricité est à 93% décarbonée[1], ce qui n’est pas le cas pour le gaz qui lui émet du CO2. De plus, le gaz actuellement livré est majoritairement du GNL[2] venant des USA, issu de la fracture hydraulique, ce qu’on appelle du gaz de schiste, son coût d’achat très élevé contribue à détériorer notre balance commerciale.

Le choix de la majorité, émettre toujours du CO2, endetter davantage les Français, en achetant de l’énergie fossile à l’étranger, pour une majorité qui se dit éco-responsable cela donne plutôt à sourire.
Dans le même temps, on continue à émettre du CO2 et on installe des espaces de rafraichissement à grand frais pour lutter contre le réchauffement dans les rues de la ville. 

Pour conclure on pourrait quand même s’étonner que tous les bâtiments neufs construits ces dernières années à Bourg-la-Reine soient tous chauffés avec du gaz il en est de même pour les rénovations en cours.

Sans étude sérieuse, on peut légitiment s’interroger sur ces choix, tout à fait partisans.

Jean-Pierre LETTRON

[1] Emissions directes de CO₂ liées à la production, hors analyse du cycle de vie des moyens de production et des combustibles – Source URD 2023 du groupe EDF – pages 9.

[2] Gaz naturel liquéfié

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